À l'époque des années '60, plusieurs groupes multidimensionnels apparaissent sur scène. Bien que ce groupe n'est pas le seul à vouloir marier chant, danse, poésie, et art visuel (bien que le mime, la soudure et l'artisanat sont peut-être des ajouts anormales), l'Infonie se distingue, petit à petit, en inventant son propre cosme de dieux et de lois. Le plus grand des instigateurs de ce dogme freak semble être Raôul Duguay, qui publie même un recueil intitulé « Manifeste de l'Infonie ou le ToutArtBel » en 1970. La direction musicale du groupe vient du compositeur Walter Boudreau, qui s'occupe également du saxophone baryton. Une panoplie de musiciens se faufile à travers du groupe pendant ses sept années d'existence entre 1967 et 1974.

Lorsque le groupe s'apprête à ce que Boudreau appelle « pop », les résultats sont très semblables aux expériences jazz/classiques de Frank Zappa lors des années '60. Le premier exemple de celui-ci est « Vol 3 », lancé en 1969 et enregistré au studio d'André Perry, les côtés jazz, pop et classique apparaissent tous sur l'album, sans se mélanger dans la même pièce. L'album « Vol 33: Le Mantra » (1971) s'éloigne des possibilités de symbiose musicale, optant pour le jazz-fusion avec une seule pièce englobant l'album, influencée de la composition « In C » du compositeur américain Terry Riley.

C'est au troisième album « Vol 333 », parut en 1972, que l'Infonie se mérite l'entrée dans les annales de la musique progressive québécoise. La pièce « Paix » vut le jour de façon assez discrète comme poème de la plume de Duguay. Celui-ci avait proposé à Boudreau de présenter le poème sur scène en février 1970 comme litanie chantée par le premier, tandis que le reste du groupe improvisait une « atmosphere modale... dépourvue de forme et de développement », selon Boudreau. Cette première version de « Paix » apporte vite une deuxième, dont le schéma est travaillé par Boudreau (qui la divise en cinquante parties, en plus d'un prélude!) afin de permettre la forme et le développement, tout en permettant des improvisations parmi le groupe... et ressemblant parfois à l'album « Lumpy Gravy » de Zappa (sans les sections parlées). Cette version prend tout le premier vinyl du double-jeu, et sans doute a contribué au status de sommet créatif du groupe que possède l'album. Le deuxième vinyl comprend plutôt des interprétations de pièces classiques de J.S. Bach, Guillaume de Machaut, et d'une composition post-moderne de Boudreau lui-même, avant de terminer le tout de façon free jazz intersecté de monologue humoresque (« La Toune platte »).

Duguay part sous peu afin d'entamer une carrière en solo comme poète, écrivain, et (après quelques années) auteur-compositeur-interprète musical. Boudreau demeure insatisfait des « conditions artisanales » dans lesquelles la pièce « Paix » fut enregistrée, et choisit de la ré-enregistrer avec l'aide de la Société Radio-Canada. Bien sur, le poème à Duguay (qui inspira tout le travail de composition) ne s'y trouve plus, les sections qui autrefois l'entouraient sont maintenant travaillées davantage. Cette troisième version (et, à l'époque, dite « finale ») de « Paix » remplit tout l'album « Vol 3333 », soit le dernier album du groupe sortit en 1974. Bien qu'il y a des variations de l'enregistrement original sur cette version toujours assez progressive, il est difficile à dire à l'écoute inhabituée si cet album mérite bien la rechercher dans les boutiques de disques usagés (seuls « Vol 3 » et « Vol 333 » sont disponibles sur CD jusqu'à date). Boudreau mentionne travailler sur une quatrième version de cette pièce parmi les textes qui accompagnent la réédition CD du « Vol 333 ». Peut-être la verra-t-on un jour...
The 1960's saw the arrival of several multidisciplinary groups on Québec stages. While far from being the sole group who attempted to intertwine song, dance, poetry, and visual arts (although mime, welding and artisan crafts were probably not typically included in multidimensional spectacles elsewhere), L'Infonie gradually distinguished itself with its self-invented cosmos of gods and laws. The main instigator of this freak dogma seems to have been Raôul Duguay, who self-published a collection of printed works intitled "Manifeste de l'Infonie ou le ToutArtBel" in 1970. The group's musical direction was assured by composer Walter Boudreau, who also handled baritone sax duries. A plethora of musicians walked in and out the group's rotating-door scenario throughout its seven years of existence, beginning in 1967 and culminating in 1974.

When the group performs what Boudreau calls "pop", things end up sounding quite closely to Frank Zappa's forays into the jazz and classical worlds during the 1960's. The first recorded example is "Vol 3", recorded at André Perry's studio and released in 1969. Jazz, classical, and yes, pop leanings all appear on the album, though no two styles combine into one single performance. Abandoning all possibility of musical symbiosis, "Vol 33: Le Mantra" drives straight into jazz-fusion territory with one sole piece filling up the album, showing influences from American composer Terry Riley's "In C".

L'Infonie only truly hit its progressive stride with their third album, "Vol 333", released in 1972. The group thus merits inclusion in Québec's progressive records, mainly based on "Paix", a composition in 50 parts (plus prelude) which takes up the entire first LP in this double set. This piece of epic proportions started off innocently enough as a poem from Duguay's pen. The poet then proposed its staging to Boudreau: it would be performed in February 1970 as a litany sung by the former, whilst the remainder of the group would improvise a "modal atmosphere... void of both form and development", according to Boudreau. This first version of "Paix" soon brought forth a second attempt, dramatically reworked by the latter as to include form, development, and appropriate improvisation amongst group members. This version, which appears on "Vol 333", often approaches Zappa's "Lumpy Gravy" (minus spoken-word sections) and undoubtedly contributes to the album's stature as the group's peak. The second LP in the set showcases more straight-laced interpretations of classical pieces by J.S. Bach, Guillaume de Machaut, as well as a post-modern composition by Boudreau himself, before concluding all with a free jazz piece (bisected with humorous monologue) coined "La Toune platte".

Duguay leaves shortly thereafter to pursue a solo career as poet, author, and (after a few years) singer-songwriter. Boudreau remains unsatisfied with regards to what he terms the "workshop conditions" in which "Paix" was recorded, and opts to re-record it with the help of the Société Radio-Canada (the Canadian Broadcasting Corporation's French-language identity). Naturally, Duguay's poem (the initial spark which led to this work) is no longer present. In its place are reworkings of the sections that once led to and away from it. This third version (then credited as the "final" version) of "Paix" fills up the entire "Vol 3333", released in 1974 as the group's last album. While there are notable variations between this (still progressive) recorded performance and the one that preceeded it, it is difficult for the unaccustomed ear to discern if this album merits to be tracked down amongst used record stores (as only "Vol 3" and "Vol 333" have been released on CD). Boudreau mentions working on a fourth version of this same piece amongst the liner notes accompanying "Vol 333"'s CD release. Perhaps this version will appear someday...