Un des groupes des plus chéris de la chanson populaire québécoise des années '70 (jusqu'à ce jour), leur histoire fut couverte et recouverte au fil des ans, jusqu'au point que très peu reste à dire de l'oeuvre de Michel Rivard (guitares/voix), Pierre Bertrand (basse/guitares/clavinet/voix), Robert Léger (claviers/flûte/basse, remplacé plus tard par Michel Hinton, ancien de Le Grand cirque ordinaire), Réal Desrosiers (batterie/percussions) et Marie-Michèle Desrosiers (piano/Éminent/synthétiseur/voix, aucune parenté du tout à Réal). Toutefois, lorsque les chansons à goût davantage folk-pop se sont infiltrées dans le quotidien québécois collectif, des jeunes aux aînés, à ne plus jamais s'en retirer (on entend même dire que certains apprirent les chansons en classe à l'école élémentaire!), le côté progressif du groupe s'est glissé presque inaperçu.

On s'aperçoit des tendances prog du groupe lors de leur premier album éponyme, un album qui va chercher tous les côtés reconnus de la chanson populaire contemporaine au Québec. L'insistance du groupe à entremêler le tout afin qu'il en résulte un son autant attirant qu'innovateur masque les traits progressifs remarquables de la pièce « Le Géant Beaupré », sans parler du classique « La Complainte du phoque en Alaska ».

Une fois arrivé au deuxième album, « Où est passée la noce? », les ambitions musicales sont moins cachées. Les commentaires inclus au livret de « L'Intégrale » dévoile un groupe qui « se prenait pour Jethro Tull ...(et) Supertramp », lors des pièces « Bon débarras » et « Amène pas ta gang » (cette dernière voyant la participation de Carlyle Miller et Roger Walls, tous deux de Ville Emard Blues Band (VEBB), aux arrangements des cuivres). « Heureusement qu'il y a la nuit » surprend comme pièce pop légère, débutant de façon assez innocente, afin d'embarquer des séries d'accords peu communes sans hâter le pas. De même pour « Assis dans cuisine », la première composition à Bertrand. La présence de ces pièces elles-même seraient assez importantes afin de reconnaître les tendances progressives du groupe. Reste le côté B de l'album, la pièce épique « Un Incident à Bois-Des-Filion », un songcycle entremêlant trois points de vue (et trois thèmes musicaux) distincts, afin de les réunir lors de sa finale. Tant que la pièce semble indiquer une croissance dans les habiletés des compositeurs du groupe, on oublie qu'elle faisait parti de leurs spectacles (présentée comme « la toune longue ») avant même que le premier album soit endisqué.

Bien que le groupe ne démontrerait plus autant son côté progressif au fil des albums à suivre, on entendait encore des suites d'accord peu communes. Lorsqu'on prend compte des tendances progressives de Beau Dommage et d'Harmonium (sans doute les deux groupes populaires ayant davantage marqué le Québec des années '70), il faut accepter que la musique progressive était bien ancrée à la scène musicale commune de cette province à cette époque-là.

One of Quebec's most cherished popular musical groups from the 1970's (to this day), their story has been told and retold throughout the years, to the point that little remains to be said of the body of work created by Michel Rivard (guitars/vocals), Pierre Bertrand (bass/guitars/clavinet/vocals), Robert Léger (keyboards/flute/bass, later replaced by Michel Hinton from Le Grand cirque ordinaire), Real Desrosiers (drums/percussion) and Marie-Michèle Desrosiers (piano/Eminent/synthesizer/vocals, absolutely no relation to Real). However, while their folk-pop-flavoured songs have forever infiltrated Quebec's collective heart, both old and young (to the point that people claim to have learned the group's songs in elementary school classes!), their progressive side slipped by, almost unnoticed.

These prog tendencies first appear on their debut, self-titled album, amongst all the other known facets of Quebec's contemporary popular music at the time. The group's insistance in creating a musical melting pot, which created a sound that is as attractive as it is innovative, helped to mask the remarkable progressive traits of the song "Le Géant Beaupré", not to mention the classic "La Complainte du phoque en Alaska".

The group's musical ambitions are less hid on their second album, "Où est passée la noce?" Comments included in the book accompanying the "L'Intégrale" box set reveal a group that thought of itself as both "Jethro Tull ... (and) Supertramp", during the tracks "Bon débarras" and "Amène pas ta gang", respectively. (The latter sees two members of Ville Emard Blues Band (VEBB), Carlyle Miller and Roger Walls, on horn arrangements.) "Heureusement qu'il y a la nuit" is a surprising lite-pop piece, beginning innocently enough before bringing in uncommon chord progressions without batting an eyelid. This can also be said of Bertrand's first-ever composition, "Assis dans cuisine". These songs alone would be proof enough to recognize the band's progressive tendencies. There still remains the epic songcycle "Un Incident à Bois-Des-Filion", whose three distinct points of view (and corresponding musical themes) fill the complete second album side before resolving, intertwined, during the finale. While one could be led to believe the abilities of the band's composers were increasing, the group had been including this piece (as "la toune longue", or the long song) in their concerts before the first album's release.

While the band would hide its progressive side during subsequent albums, unconventional chord progressions could still be heard. When one acknowledges the progressive tendencies of both Beau Dommage and Harmonium (without a doubt, the two popular bands who most strongly left their mark on Quebec during the 1970's), one must also accept that progressive music was well anchored in this province's common musical scene at that time.